Certains nageurs sont très rapides sur des distances courtes mais pas régulier sur les distances à partir du 100m. D'autres sont réguliers sur du long mais ne parviennent pas à nager plus vite lorsque les distances se raccourcissent. Pourquoi existe-t-il des profils aussi variés ? Est ce simplement une question de génétique, d'inné ou alors se cache-t-il une raison plus profonde sur les compétences de chaque nageur ?
Abordons ces questions à l'aide d'une analogie avec les différents états de la matière : gaz, liquide, solide.
Chaque "état du nageur" est repérable par des comportements bien distincts et le passage de l'un autre à l'autre marque l'acquisition d'une compétence nouvelle qui lui permettra d'être un meilleur nageur.
L'état solide
def Structure : Agencement des parties (d'un ensemble), tel qu'il apparaît lorsqu'on l'étudie.
La structure de la matière est l'agencement spatial des atomes qui le compose. Pour un nageur on peut parler de structure temporelle si l'on observe les éléments qui composent le cycle de nage tant en durée qu'en intensité : les temps forts propulsifs et les temps faibles non propulsifs.
L’état solide est un état de la matière caractérisé par l'absence de liberté entre les atomes. Ils sont liés de de façon rigide les uns aux autres. Un solide possède à la fois une forme et un volume propre.
Souvent (pour les matériaux cristallins), on retrouve une structure de base qui se répète dans l'espace : la maille. Pour un nageur on retrouve une structure temporelle qui se répète quand il se déplace. Si ce n'est pas le cas, le nageur est plutôt dans un état de gaz (on en reparle plus loin). La régularité de cette succession des temps propulsifs et non propulsif au cours des cycles de nage qui se succède est le signe que le nageur maîtrise sa technique, que son niveau de fonctionnement est stabilisé.
Lorsque ce niveau de compétence est atteint, le nageur peut se déplacer sur des distances importantes avec un nombre de coups de bras par longueur stable. Le temps est également régulier. En compétition au début le nageur est régulier entre les deux moitiés de sa course mais pas forcément rapide.
Pour obtenir cela, l’entraîneur peut demander de nager avec un nombre de coups de bras stable ce qui force le nageur a rester concentré sur chaque action. Le nombre de bras sur chaque longueur et son évolution est le critère qui renseigne le nageur sur la réussite ou non de son action.
L'état liquide
A l'état liquide,les molécules sont faiblement liées, ce qui rend les liquides parfaitement déformables, au contraire de l'état solide qui nécessite davantage d'énergie pour se déformer. A l'inverse du gaz, les molécules sont tout de même liées et ne peuvent pas s'éloigner beaucoup les unes des autres, ce qui fait que la matière liquide a une cohésion que ne possède pas le gaz mais, comme dans les solides, les molécules sont très proches les unes des autres, ce qui rend les liquides difficilement compressibles. La matière à l'état liquide possède donc un volume propre mais pas de forme propre. Sa forme sera celle du récipient qui le contient.
Un nageur qui a atteint ce niveau de compétence est capable d'adapter sa façon de nager à la distance visée mais aussi en cours de course en fonction de l'état de fatigue mais toujours de manière efficace et non subie. Un nageur ayant acquis cette compétence s'adaptera à la situation de la compétition comme à celle de la course en situation. Il créée sa performance sur le moment (cf 3e univers de la performance de François Bigrel).
Pour enseigner cette compétence, l'entraineur peut donner des séries de distances répétées un nombre important de fois avec une vitesse progressive du début à la fin. Le nageur est alors forcé d'adapter ses modalités de déplacements pour trouver la plus cohérente avec l'objectif de temps. C'est le nombre d'essais et le temps donné pour chaque répétition qui va renseigner le nageur sur l'effet de son adaptation. S'il met plus d'effort mais que la vitesse diminue alors il sait que ce n'est pas la bonne façon et il continuera de chercher une nouvelle modalité de déplacement. Au fur et à mesure, il est renseigné sur ce qui est important pour se déplacer plus vite et sur ce qui au contraire peut etre modifié car moins important.
L'état de gaz
Un gaz est un ensemble d'atomes ou de molécules très faiblement liés et quasi indépendants. Le gaz n'a pas de structure. Dans l’état gazeux, la matière n'a pas de forme propre ni de volume propre. C'est le contexte dans lequel elle est placée qui s'impose.
Un nageur qui serait dans cet état n'a pas de structure propre non plus. Il n'y a pas de lien entre les temps forts propulsifs et les temps faibles de relachement. Le nageur ne sait pas ce qui importe pour économiser son énergie, ne sait pas ce qu'il doit faire non plus pour nager vite. Il est possible qu'il nage vite de façon spontanée sur 50m, c'est à dire avec une fréquence très élevée, mais il ne sait pas s'en servir sur des distances plus élevées, même sur le 100m. De plus ses performances sont très inconstantes. Une fois plutot rapide, une fois bien plus lente sans que l'on comprenne pourquoi. Le nageur essaie des choses mais n'est pas suffisamment informé, au niveau sensitivo-sensoriel, pour faire les bons choix.
Dans quel ordre enseigner ces compétences et à quel moment ?
3 états de la matière pour 3 "états du nageur". Maintenant dans quel ordre ces phases s'enchainent-elles ? Comment les situer dans la démarche didactique de référence ?
L'état solide est le premier qui s'apprend. Le nageur se situe alors au niveau 4. Il doit etre capable d'avoir une coordination efficiente et de conserver cette structure dans le temps. Elle est stable. Au niveau 5 de la démarche on continue de développer cette compétence en augmentant encore le niveau de fonctionnement, l'efficience du nageur et notamment sa structure rythmique. Le nageur gère son rendement et le maintien à l'épreuve de la durée ou de l'intensité. Lorsqu'un nageur s'entraine pour cette compétence il cherche à augmenter son niveau d'endurance technique et musculaire à un niveau de fonctionnement donné.
L'état liquide intervient ensuite est l'état liquide. A partir de son efficience, le nageur va ensuite chercher à adapter sa technique pour trouver les modalités efficaces dans le but de se déplacer plus vite sur une distance donnée. Le nageur gère sa sa puissance vis à vis de son rendement pour être efficace dans le but de réduire le temps pour parcourir la distance cible. Lorsqu'un nageur s'entraine pour cette compétence il cherche la bonne modalité pour la distance visée.
Tant l'entraineur que le nageur ne doivent pas se tromper sur l'axe de travail prioritaire comme sur les objectifs de chaque série.