Archive

Category Archives for "Uncategorized"

Fonctions et relations de subordination

Subordination

  1. Fait d'être soumis (à une autorité).
  2. Dépendance de quelque chose par rapport à quelque chose d'autre.

Ce qui se dégage de ces définition c'est la relation de dépendance forte et unidirectionnelle. Exemple pour un nageur, à haut niveau de fonctionnement, la propulsion est subordonnée à la ventilation car elle dépend de celle-ci.

Comment déterminer quels sont les liens de subordination d'une fonction du nageur par rapport aux autres ?

  • La fonction subordonnée est celle qui dépend de la fonction subordonnante
  • L'expression de la fonction subordonnée dépend de la liberté que lui offre la fonction subordonnante.

A haut niveau de fonctionnement, la propulsion dépend de la ventilation. Elle s'exprime correctement si et seulement si la ventilation est suffisamment développée et autorise la propulsion. A l'inverse, à bas niveau de fonctionnement, la ventilation est limitée, l'expression de la propulsion dépend de la ventilation. Le Corps Propulseur s'exprime pleinement, est efficace, si et seulement si la ventilation lui en donne les moyens.

La ventilation subordonne le Corps Propulseur

A partir de ce constat, explorons les rapports de subordination des fonctions motrices du nageur.

Corps flottant et Corps Projectile

A l'étape 2 de la démarche de construction, Le nageur reste en apnée, la ventilation s'efface et laisse la place aux Corps Projectile et Flottant. Seuls le Corps Flottant et le Corps Projectile sont en action.

L'objectif de cette étape est de construire le Corps Projectile mais cela ne peut être réussi si le Corps Flottant n'est pas suffisamment construit pour que le nageur se laisse aller et glisser. Le temps d'immersion ne sera pas assez long. L'expression de la fonction Corps Projectile dépend de l'espace de liberté offert par le niveau de construction du Corps Flottant.

Le Corps Flottant subordonne le Corps Projectile

Corps Projectile et Corps Propulseur

Plaçons nous de nouveau dans une situation permise par la ventilation (je reviendrai sur cette formulation ci dessous). A l'étape 3 de la démarche de construction, le nageur glisse et se déplace sans sortir la tête de l'eau. A bas niveau de fonctionnement, le Corps Projectile n'est pas suffisamment construit. Dès la mise en actions des bras la posture se dégradera et le nageur ne pourra se déplacer très loin.
Avec un haut niveau de fonctionnement du Corps Projectile, la mise en action des bras ne perturbera pas la posture et le nageur pourra se déplacer plus loin. L'expression de la fonction de propulsion dépend de la construction du Corps Projectile.

Le Corps Projectile subordonne le Corps Propulseur

La barque doit avoir un temps d'avance sur le moteur"

Raymond Catteau

Corps Propulseur et Ventilation

Introduisons à présent la ventilation. A l'étape 4 de la démarche, le nageur doit se déplacer avec un fonctionnement stable dans le temps. Cela signifie sans détérioration du Corps Projectile et du Corps Propulseur.

A bas niveau de fonctionnement dès la première inspiration le Corps Propulseur et/ou le Corps Projectile sont diminués. Avec un niveau de fonctionnement un peu plus évolué, le nageur sera capable de maintenir son organisation motrices sur une durée plus longue. Au plus haut niveau de fonctionnement, le nageur peut maintenir son organisation malgré la durée et l'intensité. A ce niveau c'est donc l'expression du Corps Propulseur qui dépend de la ventilation.

La ventilation subordonne le Corps Propulseur

Pour les étapes précédentes je mettais la ventilation de coté puisque le nageur agit pendant le temps d'apnée dont il dispose. Cette durée d'immersion correspond justement à l'espace de liberté donné par la ventilation aux autres fonctions pour s'exprimer.

La ventilation subordonne le Corps Flottant, le Corps Projectile et le Corps Propulseur

C'est la fonction subordonnante par excellence. Cela se comprend car le corps humain ne peut se mettre en danger. La ventilation prendra toujours le pas sur les autres fonctions non vitales. Priorité à la survie.

Espaces de libertés et pouvoir d'agir

S'il y a un rapport de hiérarchie entre 2 fonctions, la subordonnée s'exprime si la subordonnante l'autorise lui permet.

L'autorité autorisé, le pouvoir impose et humilie.

Pour se déplacer plus vite, ce que le nageur cherche à construire c'est un Corps Propulseur du plus haut niveau de fonctionnement possible. Cela n'est possible que si les autres fonctions subordonnantes le permettent, l'autorisent.

Comme nous avons vu pour la ventilation a l'étape 4, celle ci peut avoir plusieurs niveaux de fonctionnement. Il est alors possible de définir plusieurs niveaux de fonctionnement pour chacune des fonctions motrices. Pour la ventilation, ce qui était implicite c'est que le niveau 1 à atteindre pour un nageur c'est justement un temps d'apnée d'une dizaine de secondes. Cet espace de liberté est suffisant pour construire les premiers niveaux du Corps Flottant, du Corps Projectile et du Corps Propulseur. A partir de l'étape 4 de la démarche, le niveau de fonctionnement de la ventilation doit s'élever plusieurs fois :

  • Permettre quelques échanges respiratoires ce qui permet au nageur de se déplacer un peu plus loin. Cela nécessite de se concentrer sur la qualité de l'expiration
  • Permettre des échanges respiratoires réguliers pour nager longtemps. Cela nécessite de se concentrer sur la qualité de l'inspiration.

Allons plus loin dans la démarche de construction. L'inspiration se fait toujours sur un temps mort moteur, a l'étape 5, celle ci doit donc laisser de la place pour ne pas gêner l'action de propulsion qui la précède mais aussi celle qui la succède. La qualité, le niveau de fonctionnement doit s'élever.

De nouveau à l'étape 6, la fonction de ventilation doit hausser son niveau. Elle doit maintenant permettre de soutenir la demande cardio et musculaire que demande un effort d'une intensité élevée.

A chaque fois que le niveau de fonctionnement de la ventilation augmente, le potentiel du nageur s’accroît.

Il est possible de définir les niveaux de fonctionnement pour le Corps Flottant, le Corps Projectile et le Corps Propulseur de la même manière. Ce sera probablement le sujet d'un autre article mais en attendant nous pouvons déjà réfléchir sur ce sujet dans les commentaires.

Démarche de construction

La ventilation étant la fonction subordonnante de toutes les autres, celles ci s'expriment dans l'espace laissé par la ventilation. Le Corps Flottant subordonne le Corps Projectile qui s'exprime dans l'espace de liberté autorisé par le Corps Flottant et ainsi de suite avec les autres fonctions. Ces relations de subordinations entre les fonctions est représenté dans sur le schéma ci dessous.

La taille de l'espace occupé par le Corps Propulseur représente donc le potentiel du nageur son pouvoir d'agir. Dans le cas d'un nageur avancé, c'est assimilable à son rendement.

Le fonctionnement tel que présenté correspond à un haut niveau de fonctionnement, celui qui laisse le plus d'espace possible au Corps Propulseur. Au cours de la construction du nageur, les relations de subordination sont parfois inversée.

Reprenons l'étape 3, le nageur glisse passivement et met ses bras en actions pour se déplacer plus loin. Si à ce moment là, le Corps Projectile n'est pas suffisamment construit, il se détériore rapidement. L'intention large du nageur est de se déplacer plus loin et spontanément, le fonction de propulsion prend pouvoir et s'impose aux autres fonctions.

La fonction subordonnante pour le nageur est alors le Corps Propulseur mais sa fonction limitante est le Corps Projectile. En revanche, pour un nageur a l'étape 3 avec un haut niveau de fonctionnement, la fonction subordonnante est le Corps Projectile et sa fonction limitante est alors le Corps Propulseur.

Dans une autre situation courante au bord des bassins, la ventilation est développée de façon prioritaire et très poussée. Il n'est pas rare de voir des nageurs ayant appris à faire des bulles très tôt capables d’enchaîner les inspirations de manière efficace mais peu capables d'adopter la posture hydrodynamique pour passer à travers l'eau. Ces nageurs sont limités par la fonction du Corps Projectile alors que la fonction de ventilation est très en avance. Continuer de développer la ventilation ne mènera pas à de grands progrès ressentis par le nageur. Il est toujours en difficulté pour se déplacer, il s'épuise et s'essouffle tout de même rapidement. La fonction ventilation n'est pas limitante et ne doit pas être l'axe de travail privilégié pour une progression optimale.

Dans ce cadre là, l'objectif de l’entraîneur consiste à identifier la fonction limitante dans l'organisation motrice du nageur, de s'assurer que les autres fonctions ont suffisamment d'avance puis de faire croire l'espace de liberté que cette fonction limitante accorde au nageur. Il devient nécessaire d'avoir conceptualisé et formalisé une approche expérimentale pour mener au mieux l'identifications des relations de subordination. J'ajoute à nouveau cet axe de réflexion à la liste des articles à rédiger...

Le potentiel du nageur augmente, le pouvoir d'agir de l'individu se développe entraînant dans le même temps le plaisir dans l'activité.
Je crois que cette vision des relations de subordination peut être élargie à d'autres facettes du nageur telles que la puissance, la condition physique, l'état émotionnel... Un autre article ?

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

2

Pourquoi les nageurs utilisent leurs jambes pour accélérer en fin de course ?

"Dernière longueur, il va mettre les jambes ! Ça y est il met les jambes, il accélère pour finir !"
A chaque course télévisée on a droit à ce type de commentaire. Alors pourquoi ? Est ce que tous les nageurs font cela ?

Alors que les muscles des jambes sont gros et que le battement est moins propulsif que les bras, les nageurs économisent leur énergie pour pouvoir finir fort. En fin de course, plus de gestion à avoir, il faut donner toutes ses dernières forces. Dans ce cas, si le battement est efficace, le nageur possède alors un atout crucial par rapport à ses concurrents. Pour bien saisir la différence observons des nageurs à l'entrainement.

Lorsqu'un nageur de n'importe quel age ou niveau tape des pieds seuls, il avance. C'est un fait. Les jambes propulsent pendant que les bras sont placés devant. Certains sont même très rapides et parviennent à nager moins d'une minute au 100m de cette façon !
Regardons un autre nageur en pull buoy cette fois-ci. Il nage moins vite qu'en nage complète. Il ne peut se servir des membres inférieurs ce qui le limite. De plus, sans pull buoy ses jambes traînent au fond de la piscine. Les muscles sont lourds, denses et ne peuvent pas profiter de la bouée que constituent les poumons. Les jambes finissent donc par couler, le nageur n'est donc plus horizontal, donc moins de glisse, moins de propulsion, moins de vitesse. Le pull buoy pallie au problème d'horizontalité mais ne peut rien pour la propulsion. Enlevons maintenant le pull, rendons ses jambes au nager et la vitesse se révèle.

Nouvelle observation, si l'on demande à un nageur de passer progressivement d'une allure lente à une allure maximale, il utilisera peu ses jambes au début, en 2 temps probablement. Puis il passera en 4 et en 6 temps pour sa vitesse maximale. Celle-ci ne PEUT être atteinte sans utiliser ses jambes.

Pour atteindre une vitesse de déplacement la plus élevée possible, un nageur ajoute la propulsion de ses bras et de ses jambes.
La suite logique à ce constat est que pour qu'un nageur se déplace plus vite, il doit augmenter sa propulsion. L'action des bras comme l'action des jambes est complexe, on entraîne donc l'un puis l'autre et enfin on assemble le tout.

Le principe physique est le même : on pousse des masses d'eau, les plus grosses possibles, avec le maximum de force possible vers l'arrière. En réaction à cette action, le nageur est propulsé vers l'avant.

L'épaule et le coude doivent donc orienter l'avant-bras et la main vers l'arrière le plus en avant possible des épaules et le rester le plus en arrière possible pour accélerer les masses d'eau cernées.

Pour les jambes ce sont les articulations de la hanche, du genou et de la cheville qui vont se coordonner pour orienter la surface du pied vers l'arrière. Plus la cheville est souple, meilleure sera l'orientation. Cela permet également de ne pas trop fléchir le genoux et de préserver l'hydrodynamisme du nageur.

Le nageur peut ainsi se concentrer uniquement sur ses membres supérieurs ou inférieurs. il ne faudra pas oublier ensuite de nager en nage complète pour synchroniser les deux trains mais également de choisir sa stratégie de course pour répartir son effort entre les jambes et les bras en fonction de la distance visée par le nageur.

Sans étude précise, on estime que les jambes participent de 10 a 30% environ à la propulsion du nageur. Les bras poussent des masses d'eau en arrière de façon beaucoup plus efficace que les bras. C'est à dire des masses d'eau plus grandes, avec une vitesse plus élevée et poussées dans une meilleure direction.

Sauf que bien se servir des jambes pour se propulser n'est pas simple. beaucoup de nageurs n'aiment pas cette partie de l'entrainement. Voyons comment cela se traduit en nage complète et regardons l'actions des pieds via une chronophotographie.![[Marjorie jambes.png]]

Les pieds ne font qu'avancer dans la direction du déplacement du nageur, vers l'avant. Ils ne reculent pas donc ils ne poussent pas de masse d'eau vers l'arrière. ZERO. AUCUNE.

Un autre nageur ?

Un autre ?

Pas de déplacement vers l'arrière du pied est une condition nécessaire et suffisante pour affirmer qu'il n'y a pas de force appliquée vers l'arrière. En nage complète les jambes n'ont pas de fonction de propulsion.

Encore ?

Ah !

Sur ce dernier nageur il y a effectivement un léger retour en arrière du pied gauche. Pour quelle raison ?
Je vous laisse réfléchir sur ce sujet. Je peux vous indiquer que ce nageur est celui avec la plus grande amplitude de nage mais que sur cette prise de vue il essaie de nager le plus efficacement possible. Tous les autres indices sont visibles.

Je poursuivrai l'étude dans un prochain article.

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

Comprendre les virages d’un nageur pour accélérer l’apprentissage grâce à la théorie des coordinations dynamiques

Les parties "non nagées" sont cruciales, il est important de comprendre ce que fait un nageur à un instant lors de cette transition. Ses actions révèlent sa représentation mentale. Qu'est ce qui guide son action aujourd'hui ? Et donc sur quoi agir pour lui permettre de passer un cap ?

Rappels physiques

Un virage efficace c'est un virage qui conserve l'énergie du nageur pour la réorienter dans la nouvelle direction. Cela se fait bien entendu en peu de temps sinon il n'y a pas de conservation mais un amortissement.

A partir d'une vitesse initiale linéaire, et d'une énergie cinétique, pour tourner rapidement, il faut être le plus prêt possible du centre de rotation, groupé dans notre cas. A énergie constante, cela permet d'accélérer la rotation et de permettre un "rebond" sur le mur au moment de l'impulsion pour repartir dans la direction  opposée. 

L'énergie nécessaire pour la rotation d'une masse m autour d'un axe est proportionnelle à la distance au carré r² entre cette masse et l'axe de rotation. Cela signifie qu'écarter la tête, lourde, a plus d'impact que la main pour une même distance. La main peut elle s'éloigner beaucoup plus si le bras est tendu, ce qui est donc défavorable.

Quelles sont les coordinations repérables ?

Avant ou pendant l'apprentissage des virages, voici quelques coordinations repérables ainsi que ce qu'elles nous indiquent sur le fonctionnement du nageur :

  • La tête se relève pour voir le mur arriver. Le nageur cherche une information. Le cou est en extension avant la touche du mur.
  • La tête se relève dès que le mur est touché pour respirer. La ventilation subordonne les autres actions. Le cou est en extension après la touche du mur.
  • Le nageur se retourne dès la touche au mur et regarde le mur opposé où il souhaite se rendre. Le nageur cherche une information. Le cou est en rotation après la touche du mur.
  • Après la rotation, les pieds sont posés au mur très en profondeur. La poussée se fait dans une direction ascendante. Il n'y aura pas de coulée possible.
  • Le menton est rentré sur la poitrine lors d'une poussée sur le dos soit pour voir le mur (problème informationnel) soit, plus probable, pour éviter que l'eau rentre dans le nez (ventilation subordonnante). Le cou est en flexion lors de la poussée.

Si l'on observe bien ces différentes coordinations un critère observable semble se dégager : la position de la tête. En coordination dynamique, la flexion/extension du cou ou sa rotation autour de la colonne sera un paramètre d'ordre. A lui seul, ce critère et son évolution au cours du virage permet de différencier les différentes organisations motrices, comprendre les principales fonctions qui subordonne son action et donc savoir sur lesquelles agir.

Il est important de noter que l'on peut en complément utiliser le critère du l'écart entre les genoux et la poitrine. Si le nageur n'est pas groupé, la rotation sera lente et la coordination utilisée sera dans la liste ci dessous (probablement A,C ou D).

Pistes envisagées pour découvrir une coordination globale plus efficace

Lors d'une phase d'apprentissage, nous pouvons imposer des contraintes, que la théorie des coordinations dynamiques appelle des paramètres de contrôle, afin que le nageur ne puisse plus utiliser sa coordination précédente. Il sera alors contraint de trouver une nouvelle façon de faire et si les paramètres de contrôle sont bien choisis, ces nouvelles façons de faire lui permettront de dépasser ses limites à la fois lors de la situation d'apprentissage mais également lors de la situation visée du virage en course.

Selon les 5 types coordinations repérées précédemment :

- deux sont orientées par le regard (A et C). La fonction de prise d'information est subordonnante dans la coordination.

- deux sont limitées par la gestion des voies respiratoires (B et E).  La fonction de ventilation est subordonnante.

- une est limitante pour la coulée qui va suivre (D). Elle n'est en soit pas limitante pour le virage mais plutôt pour la conservation de l'énergie cinétique du nageur puisqu'elle impose de se déplacer en surface aussitôt le mur quitté.

Pour explorer le paysage des attracteurs, c'est à dire les coordinations stables et trouver la plus efficace, il faut des paramètres de contrôle, autrement dit des contraintes qui ne modifie pas directement le paramètre d'ordre mais qui impose au nageur de modifier son comportement. Si le paramètre de contrôle est bien choisit, la liberté exploratoire du nageur sera orientée dans la bonne direction et permettra la découverte d'un nouvel attracteur. Voyons ce que l'on peut utiliser pour chacune des situations.

  • Le paramètre de contrôle ici serait un repère sensitvo-sensoriel : l'étirement de la nuque. C'est un repère déjà donné pour maintenir l'alignement en crawl. Si le nageur ne le respecte plus à l'approche du virage, il ne le maintien probablement pas suffisamment dans la nage complète.
  • Comme  c'est la ventilation qui est subordonnante, on la supprime. Le paramètre de contrôle serait la profondeur du nageur lors du virage. Celui-ci doit être effectué sous la surface afin que la tête ne puisse pas sortir pour respirer. La respiration dans un virage sans culbute est possible mais ne doit pas être subordonnante. Les nageurs en sont autant capables dans un virage tel que celui-ci que lors d'un virage avec culbute.
  • La limite est ici d'ordre informationnel, donc on la supprime. Le paramètre de contrôle sera la profondeur à laquelle est effectué le virage, comme pour la situation B. Dans ce cas le nageur n'a plus la possibilité simple de tourner la tête pour regarder le mur car il se trouve sous l'eau. L'avantage d'avoir une situation commune pour des problèmes d'origines différentes permet de simplifier la situation d'apprentissage pour l'ensemble du groupe.
    L'approche du mur peut se faire en position hydrodynamique, sous la surface en déplacement par des battements de jambes.
  • Ici le nageur n'est pas groupé, on lui demande donc quelque chose d'impossible sans se grouper. Dans ce cas le paramètre de contrôle sera directement la position des pieds au moment du contact avec le mur. On demande que les pieds soient posés au dessus de la surface. Le nageur doit trouver la posture adéquate pour se servir de l'effet de l'eau sur son corps (corps flottant) ce qui favorisera la rotation et lui permettra de poser les pieds plus haut.
  • Pour cette coordination, c'est la gestion des voies respiratoires qui est subordonnante. Le nageur rentre le menton pour éviter qu'il se trouve orienté vers le haut et que l'eau ne rentre. Plusieurs solutions sont possibles : expirer lentement par le nez, obstruer le nez avec les lèvres (beaucoup de nageurs y parviennent). Toutes les situations nécessitant une orientation du nez vers la surface sont favorables et les solutions trouvées seront applicables aux virages. Par exemple, faire un maximum de roulades dans l'eau sans sortir la tête.

Ces coordinations repérables sont issues de virages sans culbutes mais une bonne partie est certainement valable pour les culbutes. Le cou ne sera en extension à aucun moment de la culbute, il n'y aura pas de rotation de la tête, les pieds doivent être posés hauts sur le mur etc... Ce qui peut être étudier en plus serait les vrilles nécessaires pour passer d'une position dorsale à ventrale lors de l'approche en dos ou la vrille pour passer d'une position dorsale à ventrale pour les culbutes crawl et qui ne sont pas abordées ici. Bien qu'indispensables, dans ma conception didactique, ces phases viennent après et seront plus faciles à apprendre lorsque les virages seront bien acquis. Possible que je publie un article à ce sujet lorsque je l'aurai abordé avec mes groupes. 

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

Coordinations motrices et optima locaux en papillon

De façon similaire aux niveaux d'organisation motrices en crawl et dos dont j'ai parlé dans un précédent article (à lire ici), je m'attache ici à essayer de dégager des coordinations repérables qui permettre d'accéder à la représentation mentale du nageur pour le papillon. Cette classification permettra ainsi de définir des objectifs de transformation du nageur afin qu'il se déplace plus efficacement.

Commençons du début

Le papillon est une nage simultanée ce qui, contrairement aux nages alternées, implique de devoir régulièrement remonter les voies respiratoires aux dessus de la surface pour respirer et de repasser en dessous ensuite puisque cette situation ne peut être maintenue efficacement.

Cela implique que la direction d'alignement du nageur n'est PAS l'horizontale.

C'est un obstacle épistémique que l’entraîneur et le nageur doivent absolument dépasser. De simples images sous marine de Michael Phelps devrait être suffisantes pour questionner l’entraîneur.

Le nageur va donc devoir trouver des solutions efficaces pour rester aligner dans les deux directions évoquées précédemment.

A. Remonter à la surface

La poussée d'Archimède fera remonter passivement le nageur vers la surface mais dans quelle position ?

  • Si le corps reste à l'horizontale, cela ne correspond pas à la direction du déplacement. Le maître couple présenté dans la direction verticale est donc énorme. Comme si le nageur se déplaçait vers l'avant en étant parfaitement vertical.
  • Si le corps prend une direction oblique le maître couple est réduit dans la direction du déplacement, c'est à dire vers le haut et l'avant (cf image 2 de Phelps). Le problème devient donc : comment réorienter le corps dans cette direction ?

A nouveau on peut observer plusieurs solutions utilisées par les nageurs pour se réorienter. Le nageur se trouve donc sous la surface, les bras à l'avant du corps. Il peut choisir de :

  1. Pousser vers le bas avec les bras. Dans ce cas là, il ne pousse pas vers l'arrière et la propulsion sera moins efficace.
  2. Remonter les mains pour adopter une posture avec une concavité dorsale tête sous les bras. La remontée est plutôt lente et peu adaptée pour conserver la vitesse.
  3. Remonter par une action des jambes de type battements ou ciseaux de brasse. Evidemment la contrainte principale est que cela ne respecte pas le règlement mais c'est une action intéressante car symptôme d'une coordination particulière.
  4. Soit il relève la tête, ce qui réoriente le corps puisse il pousse avec les bras en direction des pieds, i.e vers l'arrière et le bas, donc quand le corps est aligné dans la direction du déplacement.

Remarque : Phelps utilise cette dernière solution. La première image correspond à la profondeur maximale de la tête avant que celui ci redresse la tête.

Le corps aligné vers le haut et l'avant est ensuite propulsé par les bras, aidé de la poussée d'Archimède. Le nageur éjecte sa tête au dessus de la surface ce qui permet de respirer.

B. Plonger sous la surface

Tête hors de l'eau, corps aligné vers le haut et l'avant, le nageur va retourner sous la surface. Comment, dans quelle posture ?

  1. Le nageur se laisse descendre car il chercher à aller vers l'avant.
    Ses épaules sont toujours plus hautes que son bassin. Le nageur va vers l'avant mais son corps est oblique : il perd de la vitesse rapidement, le rendement est faible. Il ne pourra donc pas descendre en profondeur importante sous la surface et ce sont les bras qui lui permettront de remonter (voir cette action plus haut dans l'article).
  2. Les bras plongent vers le bas et le reste du corps suit.
    Le corps se réoriente vers le bas, le bassin se retrouve plus haut que les épaules. Le nageur pourra descendre très profond. La tête est plutôt fixe, peu mobile. Elle entre dans l'eau en même temps ou après les bras. Elle ne peut pas être mobilisée pour remonter ensuite ce sont donc les bras ou les jambes qui s'occuperont de faire remonter le nageur.
  3. La tête entre dans l'eau avant les bras mais juste sous la surface.
    Le corps n'a pas le temps de se réorienter vers le bas. Les épaules sont toujours plus hautes que le bassin. On se retrouve dans le premier cas.
  4. La tête entre dans l'eau avant les bras et s'enfonce en profondeur.
    Le corps change d'orientation, les épaules sont plus basses que le bassin.

Si le nageur remonte en ne s'aidant que des bras, il ne mobilisera pas la tête pour redescendre non plus. Mais du coup, il n'a pas une profondeur suffisante pour réorienter son corps vers le haut, il utilisera les bras pour se remonter et ainsi de suite. Son organisation fonctionnelle est cohérente, "parfaite", pour lui elle a du sens. C'est la meilleure solution qu'il connait. C'est un optimum local.

Comment passer de cette organisation à une coordination plus efficace ? Y-a-t-il une suite d'étapes ou des liens entre les différentes coordinations possibles ?

Approche dynamique des coordinations en papillon

En théorie des coordinations dynamiques, les actions décrites dans cet articles sont vues comme des attracteurs ou optima locaux, c'est à dire des coordinations spontanées stables dont les paramètres évoluent peu en l'absence de contrainte extérieure.

Les paramètres d'ordre permettent d'évaluer de façon simple et spécifique la coordination en jeu. La gamme de valeurs possibles pour ce paramètre d'ordre permet de définir un paysage des attracteurs à l'intérieur duquel on peut trouve des "creux" qui correspondent aux coordinations spontanées.

En papillon j'utilise un seul paramètre d'ordre, la position relative de la tête par rapport aux bras. Au point haut des épaules, la tête doit être en flexion pour réorienter le corps et les bras sont au dessus de celle-ci pendant leur retour. Au point bas des épaules, pour réorienter le corps vers le haut, la tête est en extension et repasse au dessus des bras. Le nageur doit piloter son corps par la tête pour s'orienter de part et d'autre de la surface.

Les paramètres de contrôle sont des facteurs non spécifiques à la coordination et qui ne définissent pas directement le paramètre d'ordre. Leur évolution au delà d'un seuil critique amène a déformer le paysage des attracteurs pour faire apparaître de nouveaux attracteurs, de nouvelles coordinations. C'est sur ceux ci que l'on va jouer pour modifier la coordination du nageur.

Dans le cas du papillon j'observe deux paramètres de contrôle :

  1. La profondeur relative d'enfoncement de la tête. Autrement dit, la tête est-elle plus profonde que le bassin.
    Si elle est faible, le nageur sera majoritairement orienté à l'horizontale. C'est également caractéristique de la représentation mentale qu'il se fait de la façon de nager le papillon : " Je m'allonge et je pousse fort avec les bras pour me jeter vers l'avant". C'est une représentation mentale issue du crawl qui se heurte à l'obligation de sortir la tête pour respirer.
    Note : Je pose cela ici puisque cela me vient en tête au moment de l'écriture. Si un nageur n'enfonce pas assez la tête, est ce que cela vient du fait que c'est un nageur de surface ?
  2. L'angle de flexion/extension de la tête, qui caractérise la mobilisation de sa tête par le nageur.

La combinaison de ces deux facteurs permet de décrire un espace à deux dimension dans lequel on peut repérer les coordinations spontanées et dans lequel on verra évoluer le nageur en fonction des contraintes nouvelles qui lui sont imposées.

Header

Pas de profondeur

Avec de la profondeur

Trop de profondeur

Sans mobilisation de la tête

1. Le nageur est à plat et ne cherche qu'à s'orienter vers l'avant.

2. Le nageur est profond et remontera lentement avec une posture en concavité dorsale.

3. Le nageur est trop profond et aura besoin d'une action des bras ou des jambes pour remonter rapidement.

Mobilisation de la tête

4. La tête rentre dans l'eau avec les bras mais ne s'enfonce pas ensuite. Le nageur remontera à l'aide des bras.

5. Le nageur pilote son corps à l'aide de sa tête pour remonter comme pour descendre.

Cell

Transformer le nageur consiste à jouer sur ces deux paramètres de contrôlé pour qu'il utilise la coordination n°5 dans le tableau ci-dessus. Ces contraintes déformeront le paysage des attracteurs afin que le nageur se dirige vers un optimum local différent. Si cet optimum est moins coûteux énergétiquement, il sera plus stable et la coordination sera plus stable (après une période de transition repérable). L'optimum global en papillon est la coordination n°5 qui correspond à celle de Phelps. les paramètres d'optimisation de l'action ne concerneront plus la coordination globale mais des ajustements plus fins.

Quelles contraintes peut-on utiliser pour transformer le nageur dans la direction que l'on souhaite ?

Pour passer de la première à la seconde colonne, il faut jouer sur la capacité du nageur à se retrouver la tête en bas. Pour passer de la première à la seconde ligne, il faut jouer sur la mobilisation de la tête. Ces deux compétences font partie du corps flottant : Adopter la bonne posture pour laisser l'eau agir sur son corps.

Si les conditions sont réunies, les jambes suivront le reste du corps ce qui supprimera les mouvements de type ciseau de brasse. Une fois la tête relevée, l'action des bras propulsera le corps vers le haut et l'avant.

Problématique suivante ? Quels repères sensitivo-sensoriels donné pour guider ces actions ?

Mais ce sera le sujet d'un autre autre jour.

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

Evaluation du corps propulseur

Pour suivre les progrès techniques d'un nageur il est nécessaire d'avoir une vision de son action. Pour le corps propulseur ce n'est pas évident car de l’extérieur nous n'avons que des indices indirects, tout se passe sous la surface. L'analyse d'image subaquatique s'impose. Réfléchissons ensemble à ce qu'elles peuvent nous apporter.

Que cherche-t-on à évaluer ?

Si l'on cherche à évaluer le corps propulseur c'est que l'on situe le nageur dans les étapes 5 à 6 (amélioration du rendement) ou 7 (augmentation de la puissance) de la démarche de construction du nageur.

A l'étape 5, on cherche au augmenter l'efficacité propulsive en suivant plusieurs axes. Voyons chacun d'entre eux et comment on peut les évaluer objectivement :

Construire la pale

La surface de propulsion utilisée, la pâle peut être mesurée.

Orienter la pale

Quel est l'angle entre la surface et la pale à certains instants comme le point avant ou le point profond ? Il est possible de calculer cet angle à tous les instants (et cela donne une information plus pertinente mais j'y reviens plus loin).

Accroître l'amplitude du trajet de la pale

Quelle est la distance entre le point avant et le point de fin de poussée ? A quelle profondeur le nageur mobilise sa pale ?

Utiliser une force d'intensité croissante

La vitesse de déplacement de la pale est elle croissante ? Il est également possible de calculer la force appliquée par le nageur sur l'eau via la pale et donc savoir si elle est croissante ou non (j'y reviens plus loin).

Tous ces critères permettent d'améliorer l'efficacité propulsive du nageur. Le rendement de l'énergie utile par rapport à l'énergie totale peut être calculer et il combine tous ces axes. Pour les images sous la surface, on a donc besoin que le nageur se déplace à une allure libre sur une durée plutôt longue.

A l'étape 7, on cherche à augmenter la puissance utile déployée par le nageur à vitesse élevée. Si l'on possède les données énergétiques, obtenir la puissance est possible. Pour ce type d'analyse, on a besoin que le nageur se déplace à la vitesse la plus élevée possible en passant devant la caméra.

Présentation des données

Voilà un exemple de ce que pourrait donner une analyse du corps propulseur sur une nageuse ayant pour consigne de nager efficacement (sur 25m)

Analyse d'une nageuse à vitesse libre ayant pour consigne de nager efficacement

Pour simplifier l'explication, je suppose que les graphes sont numérotes de 1 à 6 en les lisant en ligne. Le graphe n°3 est donc celui qui présente la comparaison des énergies.

Par convention, le temps t=0 correspond au point d'entrée des doigts dans l'eau (PE). La nageuse se déplace de gauche à droite, ce qui signifie que la pale pendant la phase propulsive se déplace de droite à gauche.

Certains points particuliers sont représentés à l'aide des barres verticales rouges (point d'entrée PE, point avant PA, point profond PP, point arrière PAR, point de sortie PS) et l'instant où la force appliquée est maximale est représenté par une barre verticale verte (point de force max PFmax).

Accroître l'amplitude du trajet de la pale

Sur le graphe 2, on observe avec la courbe bleu, la distance entre chaque point et le PP. Les chiffres affichés sont la distance parcourue par les doigts sur la phase PA-PP puis PP-PFmax. Plus le nageur mobilise l'espace arrière pour se propulser, plus la distance PA-PFmax augmente.

Si l'on observe le graphe, on remarque un bref palier dans l'orientation de la pale après le PP. Le bras cesse de tourner autour de l'épaule et la pale est maintenue fixe pendant cet instant. La pale se dirige en fait vers l'arrière en conservant une orientation constante.

Pour la même nageuse, c'est plus visible en sprint (ci dessous). En augmentant son allure, la nageuse passe d'une distance PA-PFmax de 22cm à 23cm. Cela peut paraitre faible mais cette longueur a tendance a réduire avec la vitesse qui augmente. Il est probable que la nageuse soit plus concentrée sur la vitesse maximale que sur l'allure libre (d'où la nécessité pour le test de demander une distance nagée importante à allure régulière, ce qui n'est pas le cas ici).

Angle de la pale à vitesse maximale (à gauche) et à vitesse libre (à droite).

Une force d'intensité croissante

La force appliquée par la pale sur l'eau est très dépendante de la vitesse de déplacement de la pale (au carré), la vitesse des doigts est donc un excellent indicateur de la force de propulsion. A ce titre c'est le graphique 5 qui nous intéresse.

Pour pouvoir comparer la vitesse des doigts à celle du nageur, sur ce graphique j'ai tracé l'opposé de la vitesse des doigts. Lorsque la pale se déplace vers l'arrière, la vitesse est normalement négative mais présentée ici positive. Lorsque la main atteint le point avant (PA) la vitesse des doigts passe de négative à positive. Lorsque la vitesse augmente, la force appliquée augmente.

La plus longue phase d'augmentation de la vitesse des doigts correspond à la rotation du bras dans l'épaule ce qui crée une composante horizontale croissante (sinus de l'angle de rotation du bras dans l'épaule). La vitesse est alors maximale lorsque la main est à la verticale de l'épaule avant de décroître. 

Vitesse des doigts en sens inverse à vitesse maximale (à gauche) et à vitesse libre (à droite).

Si le nageur utilise une force d'intensité croissante, c'est à ce moment là que la vitesse doit augmenter à nouveau pour créer un nouveau maximum, plus élevé que le premier.

Sur le graphique 1 on observe la force appliquée par la pale sur l'eau qui tient compte de l'orientation de la pale à chaque instant. Les deux maximums sont bien visibles. A allure maximale, la nageuse présente un premier maximum plus faible et un second plus élevé qu'à allure libre. La nageuse utilise plus de force et plus tard dans l'action, signe d'une intensité croissante au cours de l'action. Plus l'intensité croissante est utilisée par le nageur et plus le point de force max est retardé par rapport au PP. Plus le nageur mobilise de puissance et plus le PFmax survient tôt dans l'action.

Force appliquée par la pale à vitesse maximale (à gauche) et à vitesse libre (à droite).

Sur le graphe 3, on observe le travail mécanique appliquée par la pale (pointillés verts). On retrouve évidemment le profil de la force et de la vitesse. La zone sous la courbe verte remplie en bleu correspond au travail utile à la propulsion. Cette surface par rapport à la surface sous la courbe verte donne le rendement du nageur lors de son action de propulsion (visible dans l'encadré à gauche). Si le nageur progresse techniquement sur le corps propulseur, cette valeur de rendement doit augmenter.

Orienter la pale

Dans cette situation, la pale est supposée constituée de la main et l'avant bras, alignés l'un avec l'autre soit du coude au bout des doigts.

Le graphe 6 permet d'observer l'orientation de la pale à certains instants clés : PA, PP, PFmax. Pour cette nageuse, l'orientation de la pale est de l'ordre de 40° au PA, c'est à dire au moment ou la phase de propulsion commence. La pale n'est pas construite en avant des épaules. De par la rotation du bras dans l'épaule cette angle d'orientation augmente et la pale est orientée à 77° au PP.

Passé ce point, l'orientation se maintien brièvement lorsque la nageuse essaie de pousser vers l'arrière puis augmente à nouveau lors de la partie aquatique du retour du bras vers l'avant. La durée de ce palier donne une indication qualitative de l'utilisation de l'espace arrière par le nageur.

Quel est le facteur le plus limitant d'un nageur

Les axes de progrès sont multiples mais pour que le nageur progresse le plus rapidement il est intéressant de déterminer le facteur le plus limitant dans son fonctionnement actuel. En bref, qu'est ce qui stoppe la propulsion en premier ? Voyons quelques exemples.

Un nageur avec une pale non maintenue. Le coude recule plus vite que la main, la force appliquée diminue, la propulsion s'arrête.

Le coude fuit, la pale n'est pas maintenue au cours de la propulsion

Un nageur avec un espace arrière construit mais une pale mal orientée. Les seconds maxima de vitesse et de force, ne sont pas beaucoup plus elevés qu'avant le PP. Pour ce nageur, la raison a ce manque de force est probablement l'orientation de la pale qui est plutot faible (48° au PA).

La pale ne s'oriente pas vers l'arrière pendant la propulsion ce qui réduit la force appliquée

Un nageur avec une intensité croissante mais pas d'espace arrière. L'intensité croissante est provient surtout de la rotation du bras dans l'épaule mais n'est pas poursuivi après le PP en poussant vers l'espace en arrière des épaules.

L'intensité croissante n'est pas maintenue au delà du PP ce qui ne permet pas de mobiliser l'espace arrière

Autre indicateur, un coude qui remonte trop tôt

Sur le graphe 4, on observe la vitesse verticale du coude. Lorsque le coude remonte, la propulsion chute rapidement car le coude entame sa phase de retour vers l'avant. Ce n'est donc pas directement un critère d'efficacité du corps propulseur mais un indice sur les raisons de la fin de l'action propulsive.

Un nageur avec un coude qui remonte trop tôt et brutalement

Le coude remonte rapidement vers la surface ce qui stoppe toute propulsion

Étape 7, Évaluation de la puissance

Jusqu'à présent nous n'avons parlé que de l'efficacité propulsive mais pour nager vite, un nageur doit déployer son énergie le plus rapidement possible. Il doit déployer plus de puissance. 

Pour évaluer la puissance du nageur, il faut faire l'analyse à partir d'un test réalisé à vitesse maximale. Lorsqu'un nageur se déplace à vitesse maximale, son rendement sera plus faible, il détériorera son action au profit d'une puissance plus importante. Quand le rapport rendement rendement se dégrade trop, la puissance n'augmente plus et le nageur ne nage pas plus vite.

Analyse d'une nageuse à vitesse maximale sur 25m

Sur cet exemple la nageuse du début se déplace à vitesse maximale en passant devant la camera. La puissance est indiquée dans l'encadré à gauche du graphe 3.

A rendement égal, le plus puissant l'emportera.

Chercher au bon endroit pour avoir la bonne réponse

Le plus important à retenir dans tous ça c'est que pour faire progresser un nageur il faut savoir ce qu'il fait déjà. Pour savoir ce qu'il fait déjà, il faut regarder objectivement ses actions et quantitativement.

Avez vous déjà observer les actions des nageurs sous la surface ? Quelle méthode utilisez vous ?

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

8

Coordinations motrices en crawl et niveaux de fonctionnement

Lorsqu'un enfant se construit en tant que terrien, il commence par développer la marche. Puis la course. Développant à chaque fois une coordination motrice nouvelle et différente. Chacune étant identifiable par des critères observables. Dans l'approche dynamique des coordinations motrices, ces critères observables sont appelés paramètres d'ordre. 

Pour un terrien, un paramètre d'ordre de la coordination utilisée peut être le nombre d'appuis au sol en même temps. Pour la marche, un ou deux appuis (1 puis 2 puis 1 puis 2, 1, 2...). Pour la course, aucun ou un appui maximum (1 puis aucun puis 1 puis aucun, 1, aucun, 1...). Impossible de les confondre.

Si l'on imagine d'autres coordinations motrices pour se déplacer c'est la même chose :

  • Un déplacement en sauts de "kangourous" ? 2 pieds au sol puis aucun, puis 2, aucun, 2, ...
  • Un déplacement en sautillant comme on observe souvent les enfants dans les cours d'école ? 1 pied au sol, puis 2, puis 1, puis aucun, puis 1, 2, 1, aucun, 1, 2, 1, aucun...

Qu'en est il pour un nageur en crawl ?

La propulsion en crawl se fait par les bras. Dans le cadre de cet article, je me limiterai donc à la coordination des deux bras l'un par rapport à l'autre. Il est possible d'observer la coordination des jambes avec les bras mais on l'étudiera une autre fois.

Je dois donc répondre aux 3 questions :

  1. 1
    Quelles sont les coordinations repérables en crawl ?
  2. 2
    Quel est ou sont les paramètres d'ordre permettant d'observer le niveau de fonctionnement du nageur ?
  3. 3
    Comment les hiérarchiser d'un point de vue efficacité de fonctionnement ?

 Les niveaux de fonctionnement d'un nageur en crawl

Lorsque l'on observe des groupes de nageurs, on repère assez facilement différentes "façons" de nager le crawl. Ces coordinations spontanées sont stables. Elles constituent ce que l'approche dynamique des coordinations appelle des attracteurs. Si le nageur s'écarte de cette coordination, il y reviendra naturellement. La raison est que c'est pour lui, le meilleur compromis énergétique, la coordination qui possède le meilleur rendement parmi celles qu'il est capable de mettre en œuvre. C'est un optimum local. 

On peut faire évoluer à la marge la coordination mais pour élever de façon importante le niveau de fonctionnement du nageur, il est nécessaire de trouver un autre optimum

Transformer le nageur, c'est lui permettre d'explorer le paysage des attracteurs pour trouver des coordinations différentes qui offrent de nouvelles possibilités. On recherche alors un optimum global meilleur qui a le potentiel d'un meilleur rendement que l'optimum local.

Les différentes coordinations que l'on observe doivent être hiérarchisées en fonction du rendement potentiel qu'elles offrent au nageur. L'entraîneur s'attachera ensuite à faire progresser le nageur dans ces niveaux de fonctionnement.

Voilà celles que j'observe régulièrement, classées du plus bas au plus haut niveau de fonctionnement :

Crawl avec un temps d'arrêt aux cuisses.

Ici le nageur marque un temps d'arrêt ou ralentissement à chaque fois que sa main arrive aux alentours de sa cuisse.

Pour une action propulsive, l'autre bras se trouve en arrière des épaules. Les pieds sont donc plus bas et le corps dans une mauvaise position pour glisser loin. Le rendement n'est pas bon.

Si je me réfère au "Petit livret des niveaux de construction du nageur" de Marc Begotti, l'observation de cette coordination permet d'identifier le niveau du nageur. Les obstacles qu'il rencontre se situent probablement au niveau 2 (Construction du Corps Projectile) ou 3 (Ebauche du Corps Propulseur).

Crawl en opposition

Ici le nageur a les bras majoritairement à l'opposé l'un de l'autre. Lorsqu'un bras arrive à la cuisse, l'autre entre dans l'eau. Lorsqu'un bras commence son retour aérien, l'autre débute sa phase aquatique.

Lors d'une action propulsive, l'autre bras est "jeté" en avant. Il y a une volonté d'aller loin mais le retour rapide couplé à une action propulsive "à toute vitesse" ne facilite pas la propulsion. La glisse n'est pas optimale non plus étant donné qu'un des bras est au-dessus de la surface.  Le rendement a augmenté mais il est possible de l'améliorer encore.

A ce stade, le niveau de construction où se situe le nageur est probablement le niveau 3 (Ebauche du Corps Propulseur).

Crawl en semi-rattrapé

Ici le nageur utilise un mouvement d'intensité croissante sous l'eau ce qui permet au retour aérien d'être plus rapide. Le bras sur la phase de retour se déplace plus vite que le bras sous la surface, cela crée un déphasage. Le bras à l'avant "attend" celui qui revient.

Lors de la préparation d'une action propulsive, l'autre bras est déjà en avant des épaules. Les pieds sont hauts. Avant la propulsion, l'autre bras se place très rapidement en position hydrodynamique. Pendant la propulsion, le corps est plus à l'horizontale et dans une posture permettant une distance parcourue plus grande à chaque coup de bras. Le rendement de cette coordination est très élevé une fois stabilisé.

Cette fois les obstacles rencontrés par le nageur sont probablement de l'ordre du niveau 5 (Construire les conditions de l'efficacité propulsive) car il aura besoin d'une force d'intensité croissante sous l'eau pour que le déphasage entre les bras ait du sens.

Le paramètre d'ordre pour identifier la coordination

Le paramètre d'ordre de ces différentes coordinations est la phase relative des bras l'un par rapport à l'autre. Autrement dit, lorsqu'un bras est dans une position, où se trouve l'autre ? Je fais cette observation lorsque le bras débute sa phase de propulsion (ce qui est différent du moment où le bras entre dans l'eau).

- En crawl avec temps d'arrêt aux cuisses, la phase relative évolue au cours du mouvement. Elle est la plus faible lorsque le bras arrive à la cuisse.

- En crawl en opposition, la phase relative est grande et à peu près constante. Les bras sont majoritairement à 180° l'un de l'autre.

- En crawl en semi-rattrapé, la phrase relative évolue au cours du temps. Elle est la plus faible à l'avant du corps.


Dans cette liste, je ne place pas volontairement le crawl en rattrapé. Ce n'est pas une coordination spontanée que j'observe. De mon expérience, lorsqu'un nageur l'utilise, elle est toujours apprise. 

Avez-vous des observations différentes ? Voyez vous des coordinations différentes émerger ?

Une fois ces niveaux de fonctionnement identifiés, l'étape suivante est de transformer le nageur pour qu'il élève son niveau de fonctionnement. Sans aller dans le détail dans cet article, l'approche dynamique nous enseigne qu'il est nécessaire de repousser les limites du paysage des attracteurs pour que le nageur puisse l'explorer et trouver de nouvelles coordinations, de nouveaux attracteurs possédant un potentiel de rendement plus élevé. J'ajouterai probablement un lien ici lorsque j'aurai publié cela.

Dans l'attente de vos remarques dans les commentaires.

En tant qu'entraineur, on chercher tous à faire progresser les nageurs qui nous sont confiés. Alors on utilise toutes nos armes. Educatifs, séries, musculation, ppg... Parfois cela fonctionne. Parfois non.

Alors on recommence. Encore. Et encore.

On veut être le meilleur pour nos nageurs. Ils font la course et on veut qu'ils gagnent.

Mais s'ils sont en compétition, pourquoi devons nous l'être ?

Est ce qu'on veut que nos nageurs deviennent des gros poissons et restent bloqués dans leur bocal ou alors veut-on qu'ils aillent dans le grand bain avec tous les autres gros poissons ?

Si vous pensez être le meilleur entraineur du monde, avec vos secrets et vos recettes alors ce que je vous propose n'est pas pour vous.

Si vous avez quelques certitudes mais beaucoup d'interrogations, si vous pensez que vous pouvez faire mieux mais que vous avez besoin d'aide alors vous êtes au bon endroit.

Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses à vos questions mais par l'échange on pourra probablement trouver de meilleurs solutions. Ensemble.

Coopérons. Vous, moi, et les autres qui ont la même vision. Ensemble, emmenons le plus de nageurs possible dans le grand bassin.

Sylvain

Repertoire mouvements

Le détail des exercices

Les pompes

Les squats

Les burpees

Les jumping jack

Les montées de genoux

Les battements de jambes

Les fentes avant

Le gainage de face

Le gainage de face avec pieds surélevés

Le soulevé de jambes

Le gainage de face avec jambe levée

Le gainage de face avec levée de bassin

Le gainage de face avec pose de bassin

La planche latérale bras tendus

Le gainage latéral avec jambe levée

Le gainage latéral avec croisé dessous

Les mountain climbers

Le superman

Le superman avec levées croisées

Les sandwichs croisés